Les syndicats tirent la sonnette d’alarme : le manque d’effectif chez les hommes du feu est criant.
La CGSP Admi Charleroi s’inquiète.
Pour eux, il y un gros manque d’effectif au sein de la zone de secours Hainaut-Est. Le nombre de pompiers diminue d’année en année et, pour le syndicat, aucune action proactive n’est mise en place pour pallier ce manque. Une lettre dans ce sens a été envoyée aux 22 bourgmestres de la zone afin de les sensibiliser. « Des recrutements sont lancés, mais la procédure prend du temps », affirme la zone.« Le manque d’effectif au sein de la zone de secours est criant », affirme Philippe Barbion, secrétaire régional CGSP Admi Charleroi, « si deux gros incendies éclatent en même temps, ça peut devenir compliqué à gérer. Les citoyens, mais aussi les pompiers sont en danger si rien n’est fait. » Il ajoute : « Il manque de main-d’œuvre pour organiser les sorties. Actuellement, les pompiers peuvent être rappelés pour des interventions. Mais ça ne peux pas se faire au quotidien. Déjà, cela coûte plus cher et surtout on ne peut pas rappeler pour compenser un manque d’effectif. À ce moment, les pompiers ne vont plus tenir. Il va y avoir des cas de burn-out. »
Le syndicat s’appuie sur les statistiques. « En 2002, il y avait 380 pompiers. Un pic de 403 agents en 2006 et actuellement, nous sommes à 287… Et en contrepartie, le nombre d’interventions, lui, augmente. Des pompiers partent aussi à la retraite », indique le secrétaire régional. Ainsi, dans une lettre envoyée aux 22 bourgmestres de la zone, on peut lire que « l’effectif Carolo a diminué de plus de 39 agents ces deux dernières années à cause des départs à la retraite. » D’après leurs estimations quelque 150 pompiers quitteront les rangs d’ici 2022. «Mais personne ne réagit. Il manque de main-d’œuvre et une nouvelle réglementation va arriver. »
Rien de prévu
La CGSP pointe le fait que rien n’est prévu pour être proactif et préparer la relève en constituant des réserves de recrutement. « La politique de recrutement mise en place est beaucoup trop timide et trop lente pour remplacer les départs », peut-on encore lire. « Les gradés soutiennent cette revendication syndicale. Nous en parlerons lors du comité de négociation du 22 septembre. Si rien ne bouge, des actions pourraient avoir lieu », affirme Philippe Barbion.
Déjà des engagements
« On doit engager, sur ce point, nous sommes d’accord », affirme Yves Binon, président de la zone secours Hainaut-Est, « nous savons qu’il manque des hommes, mais nous devons suivre la législation. Une réserve de recrutement, ça n’a pas été mis en place à l’époque, mais je ne suis pas du genre à regarder dans le rétroviseur. Des recrutements ont été lancés. Nous avons d’ailleurs mis le turbo depuis mars, mais il faut respecter les délais et tout faire correctement. Ainsi, 26 personnes vont être engagées dans une démarche de professionnalisation des pompiers volontaires. J’ai aussi lancé des appels à la mobilité, ce qui se faire entre deux zones. Nous avons aussi eu une trentaine de pompiers volontaires qui on répondu à l’appel. »
« Des mesures ont été et sont prises en matière de recrutement : il y a la professionnalisation des pompiers volontaires, mais aussi des appels à recrutement pour des professionnels et volontaires, il y a une vraie politique d’engagement concrète, qui se traduit par des actes », indique de son côté Jean-Marc Nerinckx, responsable communication de la zone, « mais pas rapport au recrutement, cela prend du temps, la formation a lieu durant deux ans. Les procédures sont longues mais certaines aboutissent et tout ceci est expliqué aux syndicats. » Et d’ajouter : « tous nos appels sont diffusés sur notre site internet ou « jedevienspompier.be ». Mais il faut que les candidats y répondent aussi. Nous comptons d’ailleurs bientôt sensibiliser le public au métier de pompier volontaire. »
« Seuls deux bourgmestres ont réagi à notre lettre »
« Nous avons envoyé une lettre ouverte concernant le problème de manque d’effectif le 1er août », évoque Philippe Barbion, secrétaire régional CGSP Admi Charleroi, « les 22 bourgmestres de la zone sont concernés et surtout aussi responsables de cette situation. » De la botte du Hainaut, en passant par Anderlues, Pont-à-Celles ou encore Charleroi, chaque maïeur a reçu l’information, mais… « Seuls deux bourgmestres ont réagi : Fleurus et Thuin. On espérait au moins une réponse de Monsieur Magnette, désormais de retour à Charleroi, mais rien. Il y a un certain immobilisme à ce sujet, c’est un peu un manque de respect vis-à-vis de ces travailleurs », affirme le syndicaliste.
« J’ai été alerté par des pompiers sur de nombreux points. Il y a notamment des inquiétudes au sein de la caserne de Thuin au point de vue du fonctionnement, de l’absence de gradé… », explique Paul Furlan, bourgmestre de Thuin, « cette lettre du syndicat apporte des arguments supplémentaires, c’est pourquoi j’ai demandé de rencontrer le président de la zone ainsi que le colonel, afin de répondre à ces interrogations. Je suis inquiet pour la sécurité du citoyen, sans être catastrophiste non plus. Mais les signaux qui reviennent ne sont pas bons. »